Genèse du projet

Le présent projet a été élaboré à la suite de deux séjours en Equateur. Le premier, réalisé en août et septembre 2005, avait pour but la réalisation d’un festival du jeu dans un village côtier défavorisé, en partenariat avec l’O.N.G. française CIELO (« Festival del juego en la calle », San Vicente de Manabi, http://www.premiumwanadoo.com/sacado.com). Les préparatifs de ce projet (achat de tentes, de jeux, acheminement des jouets sur le lieu du festival) nous ont amenés à voyager à travers tout le pays au contact de la population, et ainsi de prendre conscience de certaines réalités de la vie équatorienne, telles les nombreuses grossesses précoces chez les jeunes adolescentes. Ayant participé dans le cadre du festival du jeu à la formation de 10 jeunes moniteurs/animateurs âgés de 15 à 20 ans, nous avons constaté suite à quelques discussions avec eux que ces problèmes découlaient principalement du manque, voire de l’absence de connaissances dans le domaine de la sexualité (contraception, fonctionnement du système reproductif, prévention des I.S.T., informations générales…)

En effet, le système éducatif équatorien ne prévoit, outre les classes d’anatomie, aucun cours dans ce domaine à destination du public le plus susceptible d’en avoir besoin (qui n’est d’ailleurs pas scolarisé à 100%)! Les jeunes ont par ailleurs souvent une grande méconnaissance des associations (quand il y en a) pouvant leur venir en aide ou les informer à ce niveau, et ne peuvent en aucun cas s’adresser à leurs parents, qui ne sont pas mieux informés qu’eux-mêmes la plupart du temps, mais qui sont surtout gênés par le carcan socioreligieux équatorien.

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Photo 1 : Graffiti rue Vicente Fray Solano, barrio El Ejido à Quito : « Pilule du lendemain, légalisation maintenant ! »

Le 445 pense que l’information et la prévention en matière de sexualité participent pleinement de la construction de l’avenir des individus dans la mesure où elles leur permettent d’éviter une grossesse non désirée à quinze ans, de décider du nombre d’enfants qu’ils désirent ou de leur éviter de contracter des infections sexuellement transmissibles. C’est pourquoi le second séjour a été réalisé en juillet, août et septembre 2006 afin de mener à bien le projet intitulé « Education sexuelle, prévention SIDA et grossesses précoces en Equateur ». Celui-ci a consisté en des séances d’information réalisées par deux formatrices auprès de 1200 jeunes, adolescents et adultes répartis en neuf établissements scolaires, un établissement carcéral et trois associations. Les interventions furent principalement ciblées sur la présentation des contraceptifs les plus efficaces et les plus faciles à utiliser, ainsi que sur  l’information générale et la réponse aux questions posées par l’assistance. Le bilan général de ce projet est très positif, même si les effets réels de cette prévention ne se verront que d’ici quelques années, à la façon dont les jeunes assumeront leurs responsabilités vis à vis de leur sexualité.

Suite à la réalisation de ce projet nous avons pu constater les points suivants :

-Il existe au sein de la population équatorienne une prise de conscience généralisée de la nécessité d’informer les jeunes et les publics vulnérables en matière de sexualité, contraception et transmission des infections sexuellement transmissibles.
-Les structures pouvant prodiguer de l’information de qualité, c'est-à-dire claire, simple et exempte de toute considération religieuse, sont quasiment inexistantes, ou ont des aires d’action ou des moyens  trop restreints pour être réellement efficaces.
-Les jeunes plébiscitent de façon unanime des informations concrètes et sans tabous sur la sexualité, qui leur soient délivrées par des intervenants neutres et extérieurs au contexte socioreligieux équatorien.
-Certaines structures, scolaires ou associatives, désireuses d’agir dans le domaine de la prévention, manquent de moyens financiers pour mettre en place des actions et méconnaissent les institutions pouvant leur venir en aide dans l’organisation de sessions d’information.

Au vu et au su de ces informations, nous avons décidé d’élaborer un nouveau projet pour l’été 2007, dans le prolongement de celui réalisé en 2006. Celui-ci conservera le pays de réalisation de ce premier projet (l’Equateur), et la thématique sera identique (sexualité, prévention des IST et des grossesses non désirées), à ceci près que nous souhaitons lui ajouter un volet pédagogique qui était absent de l’édition 2006. En effet, afin d’inscrire réellement la réalisation de ce projet dans une logique de développement à long terme, nous souhaitons mettre en place un concept de « mallettes pédagogiques », capital de matériel qui permettrait à chacune des structures ayant reçu des intervenants du projet de reconduire par la suite les séances d’information de façon autonome, sans avoir de frais propres à engager.

Dans le cadre de la constitution de ces mallettes pédagogiques, nous souhaitons mettre en place la création de supports d’information audiovisuels. Ces vidéos pédagogiques, références neutres et actuelles en matière de contraception, prévention et information, seront crées par le biais d’un atelier théâtre dont les acteurs seront constitués par le public assistant aux interventions. Un autre point différant du projet 2006 est que l’équipe d’intervenants sur le terrain sera constituée de quatre personnes au lieu de deux. Ceci permettra une plus grande mobilité sur le territoire équatorien et une capacité de travail deux fois plus importante.


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Photo 2: Elèves du Collège National d'El Carmen (Manabi).