La sexualité des jeunes adultes en Equateur

La plupart des femmes qui se marient jeunes ont au moins un enfant avant d'avoir 20 ans. Les jeunes femmes célibataires ont plus de difficultés pour se procurer des contraceptifs que les jeunes femmes mariées car elles vivent dans une société qui n'approuve pas la régulation des naissances. Peu de jeunes couples non mariés pratiquent la contraception durant leurs premiers rapports sexuels : parmi les femmes âgées de 15 à 24 ans ayant fait l'objet d'enquêtes en Amérique latine et dans les Caraïbes, l'emploi de la contraception lors des premiers rapports allait de 4 % à Quito à 43 % à la Jamaïque. Dans le cas des hommes de 15 à 24 ans, le pourcentage allait de 14 % à Quito et à Guayaquil à 31 % à Mexico, la pratique de la contraception augmentant avec l'âge.

Ces études ont également démontré que les femmes attendent environ un an pour commencer à employer des contraceptifs modernes après être devenues sexuellement actives, c'est pourquoi, les activités sexuelles pré maritales se soldent souvent par une grossesse non désirée. Un grand nombre de grossesses non souhaitées ont lieu dans les douze mois qui suivant les premiers rapports sexuels.

Pourquoi n'y a-t-il pas plus de jeunes utilisant la contraception s'ils ont des rapports sexuels? La raison la plus fréquemment avancée par les jeunes, hommes et femmes, est qu'ils ne s'attendaient pas à avoir des rapports sexuels. La deuxième raison est qu'ils n'avaient jamais entendu parler de la contraception. Il y a cependant d'autres raisons qui conduisent à de faibles niveaux de pratique de la contraception ; elles peuvent être plus subtiles et encore plus difficiles à comprendre et à surmonter :

 

 

Manque d'information

     Souvent, les jeunes ne savent pas grand chose au sujet de leur fécondité et de la contraception, ou ont reçu des renseignements incorrects. Les hommes mentionnent plus que les femmes le manque d'information mais disent volontiers qu'il incombe à leur partenaire d'éviter la grossesse ! Même quand les jeunes connaissent des contraceptifs, ils ne savent ni où s'en procurer, ni comment s'en servir. Comme beaucoup d'adultes, les jeunes sont nombreux à avoir des attitudes négatives à l'égard des contraceptifs (rumeurs à leur sujet, informations erronées).

 

 

Manque d'accès

     Même quand les jeunes ont entendu parler de contraception, ils sont peu nombreux à s'en servir. Souvent, c'est parce qu’ils ont plus de difficultés que les couples mariés à s’en procurer. Les jeunes adultes sont en bonne santé et n'ont pas l'habitude de se rendre dans des dispensaires. Ils ne savent pas où aller ni à quoi s'attendre et beaucoup d'entre eux n'ont pas les moyens de payer les services ni les frais de transport pour s’y rendre. Même quand la loi n’en limite pas l'accès, certains services de planning familial ont des principes interdisant de s'occuper des célibataires. Des employés moralisateurs découragent les jeunes de rechercher des moyens de contraception.

 

 

Manque de liberté de décision et manque de pouvoir

     Quand les jeunes disposent d'informations et d’accès aux contraceptifs, le contexte dans lequel ils vivent conditionne leur pratique. Les attitudes à l'égard des rôles sociaux et sexuels et les tabous qui entourent leurs activités sexuelles sont autant d'éléments influençant les jeunes quand ils doivent prendre des décisions d'ordre sexuel. Dans de nombreuses cultures, les questions de sexualité ne sont même pas évoquées entre conjoints. Les jeunes couples non mariés ont encore moins de possibilités de parler de contraception. Un grand nombre d’entre eux voit dans la contraception une chose réservée aux adultes mariés qui veulent espacer les grossesses. Les attitudes sociales qui condamnent les filles programmant leurs activités sexuelles, conjuguées aux idées selon lesquelles une sexualité calculée est l'ennemie de l'amour véritable, n'arrêtent pas les activités sexuelles mais freinent l'emploi de la contraception. De telles attitudes augmentent la vulnérabilité des filles au regard des infections sexuellement transmises (IST) et de la grossesse.

 

Zoom sur le Sida en Equateur


L’Amérique latine est loin d’une situation aussi préoccupante que celle de l’Afrique. La région est davantage confrontée à des foyers de haute prévalence localisés dans certaines zones urbaines. À la fin de 2003, l’Amérique latine comptait 1,6 million (+200 000 en 2003) de personnes frappées par la maladie. Mais ces chiffres ne reflètent que très imparfaitement l’ampleur réelle de l’épidémie, qui progresserait silencieusement : de plus en plus de malades ne seraient pas recensés en raison de la très forte stigmatisation de certains comportements à haut risque (usage de drogues injectables et rapports sexuels entre hommes).


Le taux de prévalence au VIH relevé chez les adultes (15 - 49 ans) s’élevait à 1,1%, dans le monde en 2003 et à 0,6% en Amérique latine, soit des taux nationaux inférieurs à 1% pour dix des douze pays de la région. Cependant, ces chiffres cachent de graves épidémies dans certaines zones urbaines ou chez certaines populations, et l’existence de foyers de haute prévalence pose la question de la possible diffusion du VIH/SIDA à la population générale.


Les rapports sexuels entre hommes, l’usage de drogues injectables et les rapports hétérosexuels avec des prostituées sont, en Amérique latine, les trois principaux modes de transmission du VIH. La prévalence du VIH chez les homosexuels est élevée partout en Amérique du Sud (prévalence de 24% en Argentine et 22% au Pérou). En Colombie et au Pérou, par exemple, les rapports sexuels entre hommes sont le principal mode de transmission du VIH. La consommation de drogues injectables est l’autre mode de transmission prédominant en Amérique du Sud : dans certaines villes brésiliennes les taux de prévalence du VIH sont supérieurs à 60% chez les consommateurs de drogues injectables, tandis qu’à Buenos Aires, ils étaient estimés à 44,3% en 2001. Les relations sexuelles avec des prostituées participent fortement à la progression de l’épidémie en Amérique centrale et dans les Caraïbes, bien davantage qu’en Amérique du Sud. La prévalence du VIH y atteignait 1,8% au Panama, 3,3% au Guatemala, 4% au Salvador et 8,1% au Honduras à la fin de 2002. Certaines régions des Caraïbes ressentent tout autant, si ce n’est plus, les effets dévastateurs d’une propagation du VIH par la voie hétérosexuelle. La capitale de la République dominicaine, Saint-Domingue, enregistrait en 1999 une prévalence de 3,5% chez les professionnelles du sexe. L’année suivante, un pic d’infection (12,4%) était relevé dans une province méridionale. Il est à noter la très forte prévalence relevée en Équateur ; le taux observé y était de 14%, soit très au-dessus des chiffres normalement observés en Amérique du Sud.


À la vue de ces éléments, il semblerait que le VIH/SIDA se cantonne pour l’essentiel à certaines populations exposées. Les experts de l’ONUSIDA affirment pourtant que «toutes les conditions sont remplies pour une propagation plus large du virus», car certains comportements à haut risque sont présents dans les sociétés latino-américaines. Ainsi, une part importante des hommes ayant des rapports homosexuels a également des rapports, souvent non protégés, avec des femmes, le dépistage n’est pas systématique chez les prostituées et les consommateurs de drogues injectables sont stigmatisés. La conséquence directe de ces comportements pourrait bien être dans les prochaines années une forte progression de l’épidémie dans la population générale, et ce, d’autant que les pouvoirs publics reconnaissent très difficilement, souvent dans des proportions très éloignées de la réalité, l’existence même de ces pans entiers de la population qui sont pourtant frappés de plein fouet par l’épidémie.